mercredi 27 février 2013

Une semaine à Paris. Part2



Mercredi 20 février, 

Les choses ne se passent jamais comment on les attends.
Enfin si parfois, mais là non.


J'arrive rue de la Verrerie, chez Olivier et Aurore.
Olivier fait partie de ces gens qui ont un cul monstrueux.
Il trouve toujours un taf à moins de 550 mètres de chez lui.
Il vient s'installer à Paris et trouve un coquet 42m2 à côté de l'hotel de ville à 550 euros.
(Les parisiens apprécieront)
Et il a un gros sexe.

Je m'attends en entrant dans l'appart à tomber dans les bras d'Olivier et à pleurer comme une conne.
Et puis non. Parce qu'une amie à eux est présente.
Je lui dis bonjour.
Rapide coup d'oeil visage/seins.
Je me présente.
Elle rit.
Oh merde. Je la connais.
Pas bien, mais quand même un peu.
Mais je l'avais pas vu depuis quatre ans.

Elle a changé et délicieuse ironie, elle porte le même prénom que LA rousse.
Je lui propose immédiatement et égoïstement de se reprénommer "Fabrice", en tout cas dans le cadre de nos rapports amicaux.
Elle accepte en riant.

Olivier et Aurore partent dans la cuisine pour préparer un délicieux bol de nouilles.
Et pendant ce court laps de temps, c'est à Fabrice que je raconte tout.
La séparation, le sentiment de fin du monde, les peurs pour la suite...
Tout. Mais pas en pleurant.
Pas même sur un ton plaintif.
Avec une belle voix grave et velouté.

Wait.

Je la connais cette voix là.
Je l'avais oublié aussi.
C'est ma voix de drague.
Je suis en train de draguer putain !

Enfin de dragouiller quoi.
Mais je sens une douce chaleur dont j'avais besoin en ces temps troublés.
Je ne sais pas la définir.
Peut-être je me rassure sur le fait que je puisse encore flirter, et pourquoi pas retrouver une relation.
Peut-être ai-je besoin de rêver un peu.
De jouer à séduire.

Bon, je ne sais pas si c'est à cause de moi mais elle part rapidement.


PETITE DIGRESSION  INTEMPESTIVE

Est-ce une épidémie dans ma génération ?
Tout le monde doute, tout le monde en chie, tout le monde se sépare.
Olivier est en plein questionnement de reconversion lui aussi.

Être chanteur en 2013...
Aahhahaha quelle bonne blague !
Fous que nous sommes d'avoir penser pouvoir faire de nos vies quelque chose de l'ordre du fantasme.
Nos parents nous avaient pourtant dit que nous pouvions faire de nos vies ce que nous en voulions.
Que le monde était grand, et qu'il ne demandait qu'à nous recevoir.

Peut être n'ai-je pas écouté la partie qui consistait à en chier pour ce qu'on veut, qu'il fallait se battre pour à peu près tout, et que rien ne tombait comme ça.

Résultat, je bidouille depuis 10 ans, allant de désillusions en expériences infructueuses.
J'ai fait plein de trucs par contre.
Ça c'est sur.
Comédien, voyageur, joueur de poker, photographe, projectionniste, assistant ingénieur agronome.
Mais cette impression, après toutes ces diverses expériences, c'est de n'avoir toujours rien construit.
Rien dans les pattes papa.
C'est aussi et peu être surtout ce qui est le plus difficile dans cette séparation.
L'impression de ne rien avoir dans les mains.
De ne rien avoir construit.
D'être au bord d'un précipice.

FIN DE LA PETITE DIGRESSION INTEMPESTIVE

Ça explique pourquoi ce qui suit m'a fait TILT.
Olivier parle de son intérêt pour le métier d' éducateur jeunes enfants.
Mon esprit se tourne immédiatement vers cette idée. 
Moi, éducateur jeunes enfants.
M'occuper d'enfants. 
Leur donner à manger, leur torcher le cul, les éveiller à la vie, calmer leurs angoisses de petits machins, glinguer leur mère...
L'idée me sourit immédiatement.

Je me méfie beaucoup de ce genre d’intérêt subite. 
Surtout en ces temps troublés où j'ai besoin de m'accrocher à quelque chose, de me rassurer par tout les moyens. 

Ceci dit, c'est apaisé que je m'endors ce soir là.
J'ai pu un peu fantasmé à un nouvel amour et à un nouveau métier.
Je ne sais pas ce qui en restera mais je m'endors bien facilement.


Jeudi 21 février,  

Paris s'éveille en même temps que moi.
Ma saloperie d'oncle m'a donné rendez vous à 8h30 dans un bar à côté de la comédie française.

Ah oui, je vous ai pas dit.
Parce qu'en fait, j'ai prévu de voir un paquet de gens cette semaine.
Mon agenda est booké. 

Et ce matin c'est au Nemours que je dois me rendre.


Je demande mon chemin à plusieurs personnes qui passent à côté de moi en faisant semblent de ne pas me voir. Six pour être exact.
Je kiff cette ville.

Le soleil se lève sur Paris.
La lumière rasante vient éclairer le haut des immeubles.
Le Louvre, le palais royal, la comédie française.
C'est beau.

J'ai l'impression de respirer. 
D'ouvrir des volets sur ma vie.
Ça fait vraiment trop longtemps que je suis enfermé
Je laisse le soleil inondé mon visage.
Je suis bien ce matin.

Fragile, émotionneux, mais bien.

Il va m'en falloir de l'énergie pour affronter le tonton.
Du côté de ma mère, ils sont tous comme ça. 
Durs.
Des gens qui ont pris de grandes décisions dans leur vie, qui ont un mental d'acier, frisant le psycho-rigidisme par moment, ne s'autorisant pas vraiment la faiblesse.
Des gens très riches et très chouettes par ailleurs hein!
Me faites pas dire ce que j'ai pas dit.
Mais les avoir dans sa famille et s'en servir comme modèles, c'est pas si évident. 

Ce tonton là a été un sévère fêtard chez ses parents, puis un berger dans les montagnes, puis un DJ en boîte de nuit, puis un sévère fêtard, puis un bijoutier, puis un gemmologue/vendeur de gemme, et passe maintenant une thèse sur le moyen âge.

La devise de cette famille là : 
"Fais ce que tu veux, mais fait le à fond."

Pas de demi-mesure.
Je sais vraiment pas ce que je vais chercher quand je viens voir ces personnes.
A tout les moments durs de ma vie, j'ai discuté avec eux, et à chaque fois, j'en suis sorti plus bas que terre, en ayant l'impression d'être une demie-molle en ce qui concerne la vie.

Mon p'tit côté maso...
J'entre dans le bar.

Autour d'un bon café à deux euros quarante, dans un décor chaleureux entouré de grands miroirs, nous devisons.
Oui, j'ai maigri c'est vrai.
10 kilos depuis début janvier.  
Non, je ne sais pas ce que je vais faire le mois suivant.
Ni le mois d'après.
Ni dans six mois.
Aucun plan pour l'instant, à part d'essayer de sortir la tête hors de l'eau, de m'agripper au bord du bassin, et d'essayer de respirer sans paniquer.
Et tu me demande de traverser les 5 océans en dos crawlé ?

C'est basiquement ça son conseil à mon tontoncle.

"A ton âge, et aussi paumé que tu l'es, tu devrais construire une maison."

Pas allégoriquement il parle hein ! C'est pas le genre.
Il me conseille de construire une vraie maison, avec des vrais murs, un vrai toit, et un vrai tout à l'égout.
A moi qui a des sueurs froides à l'idée de devoir planté un clou dans le mur.
Fucking conseil parfait et bien adapté à ma situation.

Faut lui reconnaître que l'idée n'est pas stupide.
Construire sa maison, se construire soi même, construire sa vie, préparer le moment où on ne saura plus se lever de son fauteuil, préparer son héritage...
C'est important. C'est vrai.

Et je garderai sans doute ça dans un coin de ma tête.
Mais tout de suite, ça me replonge la tête sous la merde.

Construire une maison, j'en suis tellement incapable.
Ça me renvoi à mes faiblesses présumées, mes incapacités, mes  peurs.
Je suis pas bien.

Merci tonton. La bise.

Le travail physique que je fais en ce moment m'est bien utile pour tenir mes 1 mètres 98 et 135 kilos dans Paris.
Drape toi dans ton grand manteau noir. 
Solide. D'airain. 

La semaine est encore longue. 
Le soleil inonde mon visage.
Ça va bien se passer.  

Kaviar.








3 commentaires:

  1. et voila, tu cherchais un thème et du contenu pour ton nouveau blog... Il est là.
    Bon j'imagine que t'aurais pu t'en passer de ce contenu là, mais voila, c'est bien écrit, c'est intéressant. Un peu bizarre à lire, mais intéressant. Ca doit t'aider d'une manière ou d'une autre...

    (t'es pas obligé de diffuser ce com, c'est plus destiné à toi en particulier)

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  2. Le problème, c'est que je vais pas tout le temps être dans la merde.
    Je vais bientôt plus rien avoir à raconter...

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  3. Ca va bien se passer.
    C'est sur ;)

    Mona.

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