vendredi 31 mai 2013

L'amour du travail bien fait.


Jeune fille aux formes émouvantes : "Et tu t'appelle comment ?"

Moi : "Antonin, et toi même ?"


Jeune fille aux formes émouvantes : "Moi c'est Camille, c'est joli comme prénom Antonin."

Moi : "C'est vrai, je suis assez d'accord."

Camille aux formes émouvantes : "Et tu fais quoi dans la vie Antonin ?"

Moi : "Grrrrmmmflllzzl..."

Camille aux formes émouvantes : "... ?"

Moi : "Je suis en reconversion professionnel"

Camille aux formes émouvantes : "C'est à dire ?"

(C'est à dire, chère Camille aux doux seins, que je suis complètement paumé professionnellement, que je ne sais absolument pas vers quoi je vais me diriger, et que j'ai un regard sur le travail très, très négatif. A vrai dire, pour l'instant c'est une vraie situation de crise mais je n'ai pas spécialement envie d'en parler surtout que je souffre de cette situation et qu’honnêtement, on a quand même mieux à faire là tout de suite, tout les deux, tu ne crois pas ?)

Moi : "J'avais une activité que j'ai arrêté parce qu'elle ne me correspondais plus et je suis en train de rebâtir un projet professionnel cohérent."

Camille aux formes émouvantes : "Ah.... C'est bien."

Je sens un désintérêt dans son regard, tout de suite.
Elle tient la conversation encore un peu.
Pour faire bonne figure.
Mais vite, elle me précisera qu'elle a un mec (bon qui est parti à Lisbonne en ce moment)
Comme de toutes façons, elle a 21 ans et que je ne m’intéressais à elle que pour ce qu’elle avait à raconter, la déception n'est pas très grande. 

C'est une des nombreuses portes qui s'ouvre douloureusement sur mon rapport au métier, au travail, aux occupations...
Je sais que 10 000 000 000 de personnes en ont parlé avant moi et bien mieux.
Mais, en ce moment, ça me travaille.

Alors j'en parle. Comme je peux.


Je dis en ce moment mais à vrai dire, mon questionnement par rapport au travail date d'il y a un paquet d'année.
Je n'ai jamais vraiment réussi à apprivoisé cette notion.

On m'a pas aidé à considérer le travail comme étant :
1 : Nécessaire
2 : Bien

Ma mère, artiste peintre, a toujours voyagé, peint, et marché dans la grève bretonne.
Je ne l'ai jamais vu se lever de bon matin en râlant pour aller se taper les 7 ou 8 heures obligatoires.

Mon père a fait 312 015 boulots en quittant quand il en avait marre et en reprenant quant il avait besoin d'argent.  Il est artiste peintre lui aussi maintenant.

Et j'ai grandi avec des gens qui vivaient autrement, artistes, artisans, nomades...

Comment voulez vous que je puisse sereinement aborder l'idée d'aller bosser tout les jours en ayant le droit de dormir deux jours par semaine pour récupérer de la fatigue emmagasinée dans la semaine ?

Avec un regard pareil sur le travail, pas étonnant non plus que je me retrouve à ce jour, aussi largué qu'il y a 10 ans.

Sur ces 10 ans justement, j'ai réussi à bouiner pour que ça ne soit pas trop lourd.
Mi-temps, ou travail un peu "en marge", comédien, joueur de poker, un peu chômeur aussi par moment.
Sans qu'aucune de ces formules ne me satisfasse réellement.

Les choses sont revenus à vif parce que je viens de commencer un stage en plus de mon taf et que je suis revenu a du 40 heures/semaines.
Je ressort de cette semaine complètement fatigué, malade, et avec des envies de grands lacs ou forêts dans lesquels je pourrais m'ébattre librement, ivre de bonheur et de triple karmeliet.

Sauf qu'évidement, je dois trouver une solution.
Puisque je ne suis pas fortuné. 
Vivre de rien dans un arbre, ça existe mais je n'en suis pas capable.
Vivre du RSA, ça existe mais je ne le souhaite pas.
Alors... Bin Travaille mon enfant.

Qu'est ce qui me rend le taf aussi détestable ?

1 : Le fait d'être obligé de faire telle ou telle chose alors que franchement, là tout de suite, je serais bien mieux à caresser langoureusement les seins de Camille.

2 : Le fait de devoir composé avec des personnes avec qui je n'ai pas forcément d'atomes crochus, et donc devoir porter le masque qui sierra à l'entreprise, en s'asseyant sur ce que je suis réellement.

3 : Devoir effectuer des tâches qui ne correspondent ni à mes valeurs, ni à mes énergies.

4 : Renter chez moi le soir en se disant quand même que j'ai perdu huit heures de mon existence aujourd'hui, qu'il me reste 4 ou 5 heures pour faire des choses que j'ai envie mais que je suis trop fatigué pour les faire, tiens d'ailleurs, je regarderais bien une série. (essayez "Vikings", vous ne le regretterez pas.) Tout ça pour pouvoir reperdre 8 heures demain.

5 :Une impression, quand je suis au boulot, de passer complètement à côté d'une vie qui compte.
(c'est d'ailleurs ce qui est le plus difficile)




Ah oui vraiment, quand on regarde le travail avec ces lunettes là, ça vous motive à aller bosser non ?
Autant se tirer une balle immédiatement à vrai dire.
Brrrr ! Quelle sale bête.

Moi j'en veux pas. Et vous ?

____________________________________________________________________________

Mais fort heureusement pour moi, et merci la vie, surgit du marasme chaotique négatif, une aube de pensées heureuses et bienveillantes qui calme mon coeur et apaise le flot des pensées désagréables.

Quel lyrisme mon salaud, j'en pleure.

Le travail permet quand même deux/trois choses.

D'abord, travailler rapporte de l'argent.
Si c'est pas le cas, vous devriez vous en inquiètez, je suis pas expert mais je crois que votre patron vous enfle.

Et avec cet argent, vous pouvez assurer les principaux besoins vitaux :
BOIRE. MANGER. DORMIR. REGARDER DES SERIES.

Et tout ceci dans des conditions un poil meilleures que Jean-Jean, l'homme qui habite sous l'escalier de la porte de Paris, là ou je vais courir.

Mais avec tout ce bon argent, vous pouvez également faire une foultitude de choses qui combleront votre cœur (ou vous en donneront l'illusion l'espace d'un moment).
Un ordinateur pour regarder des séries, un séjour pour deux aux Seychelles en pension complète, une prostituée, ou un stage de respiration holotropique à St Amand dans deux semaines.
La majorité des choses les plus importantes dans la vie restent gratuites je crois, mais avoir un minima d'argent pour boire le coup avec les poteaux ou aller voir sa tante à Mulhouse, c'est quand même très bien.

Ca me fait chier de le reconnaître mais travailler permet aussi une reconnaissance sociale.
Qu'on le veuille ou non.
On l'a vu avec la douce Camille.

Je fais rien ou je ne possède rien = Je ne suis rien, je n'existe pas.

Nous conviendrons aisément ceci dit que c'est tout à fait faux.
Mais, reconnaissons le également, nous avons été "éduqué", voir "conditionné" à posséder ou à faire.
"Etre" n'est pas dans les options au bac.
Alors que c'est tellement, tellement plus important...

Bon. On en est là. Pas de repos pour les braves.
Pour exister, j'ai besoin de pouvoir répondre à la question :
"Et sinon, tu fais quoi toi dans la vie"
Pour baiser aussi apparemment..

J'aimerais tellement me détacher de ça, pouvoir être tranquille et serein avec l'idée de ne rien faire de socialement acceptable.

Mais on est pas tout seul et être reconnu par les autres est important.
Tutututut, ne faîtes pas les asociaux, c'est important.

Travailler, c'est aussi une structure.
En bien ou en mal ça en est une.
Cela permet de réguler sa vie, ne pas vivre trop dans le sauvage, avoir des rapports sociaux, se confronter au monde.
Parce que restez chez soi quasi en permanence, j'ai testé pour vous...
Pas Jojo.
On végète, on s'enlise dans le rien.
Je souhaite ardemment pouvoir être capable de vivre avec moi 100% du temps et être très heureux mais pour l'instant, il est nécessaire d'avoir des béquilles.
Je ne crois d'ailleurs  pas que ça soit propre à moi.
Combien d'histoires de gens qui ont sombré dans l'alcoolisme, la dépression ou le vide en se retrouvant au chômage.
Parce que tout à coup, ils se retrouvent face à eux même, et qu'il faut bien avouer que si on a pas bosser un tout petit peu là dessus, c'est assez effrayant ce qu'on y trouve.
Travailler régule, construit, donne du grain à moudre.
Certaines personnes m'ont même déjà expliqué que le travail pouvait épanouir.
Mais je crois qu'elles étaient bourrées. 

Travailler apporte du bon et du mauvais.
Super ! Quelle belle découverte que voilà !
Je suppose que toute l'idée consiste à trouver un équilibre là dedans.
Et que la balance n'empiète pas sur le mauvais.

_________________________________________________________________________

Mais au final, je crois vraiment que la solution...
Si il y en a une.
M'a été apporté par un collègue bien malgré lui :

Le collègue : "Ah mais t'façons, travailler c'est une perte de temps"

Ma tête se tourne, immédiatement attiré par cette assertion curieuse.
Travailler c'est une perte de temps.
Oui c'est vrai, c'est ce que je pense...

Le collègue : "En même temps, y a plein d'autres trucs qui sont une perte de temps, regarder un film ou baiser c'est une perte de temps."

Ah tiens. Ca c'est bigrement interressant.

Moi : "Qu'est ce que c'est pour toi quelque chose qui n'est pas une perte de temps ?"

Le collègue : "Bah j'sais pas, les choses importantes..."

Le collègue : "Nan au final, tout est une perte de temps."

Ça fait flash.
Évidement ! Tout dans la vie est une perte de temps.
Comparé à l'univers, à l'ensemble des vies et des énergies, comparé à la vie elle-même, tout ce qu'on fait semble dérisoire, insensé, insignifiant.

Sauf peut être à certains moment de notre existence ou nous avons l'impression d' "exister" réellement.
Quand la vie fait irruption dans notre quotidien et nous fait vivre des expériences extra-ordinaires.

Une mort. Un amour. Un paysage incroyable. Une naissance. Une amitié forte.

Mais ces moments ne se provoquent pas. Ou avec difficulté.
Le reste du temps ne doit-il être que ennui, banalité, vie insignifiante ?

J'ai eu tendance, et encore maintenant, à blâmer le travail de cet état de fait.
Travailler rend triste, travailler renferme, empêche les gens de s'accomplir, de voir ce qui est précieux.
Travailler corrompt, pollue et aliénie.

Et bien figurez vous que les trois dernières années, je les ai passé chez moi.
(j'étais joueur de poker pour ceux qui se demande)
Avec une femme que j'aimais et qui m'aimais en retour.

Quels moments merveilleux ai-je du passer !!!

Nenni.
Ça a été trois années très difficiles.
J'ai fermé les portes sur le monde, sur elle, sur moi.
Beaucoup sur l'écran.
A regarder des séries, à jouer à des p'tits jeux, à nier la réalité. 
Rien vécu d'intense. Ou très peu. Enfin pas assez.

Et pourtant je ne travaillais pas.

Alors ?
Le constat ?

Bin travailler n'empêche pas d'être heureux et ne pas travailler ne permet pas de l'être forcément.
Super ! Encore une vérité fondamentale.
Dis donc, j'en trouve moi aujourd'hui. Je suis déchainé !!!

Alors je vais chercher ou ?

Arrive le chapitre un peu nébuleux.
Je déconseille fortement aux âmes matérielles, solides, carrés, logiques, terre à terre, de poursuivre.
Mais elles ont déjà dû partir quand j'ai dit que le travail, c'était de la merde.

Je relis tout ce que j'ai marqué avant et je récupère :  

"Une impression, quand je suis au boulot, de passer complètement à côté d'une vie qui compte."
"Ah mais t'façons, travailler c'est une perte de temps"
"Le reste du temps ne doit-il être que ennui, banalité, vie insignifiante ? "

J'ai quand même le souci d'avoir cette fameuse "vie qui compte"
Tellement peur de gacher le temps ou je suis éveillé sur cette terre.
Un flip de tout les instants.
Un flip si grand que je m'auto saborde sur plein de moments ou je pourrais vivre intensément.
 Vous comprenez ? Si non relisez.

Cela suffit.

Et le travail n'y est pour rien.
Peu importe ce qu'on vit, ce qui change tout,
C'est le regard, le point de vue qu'on y apporte.
L'investissement que l'on met dans cet instant présent.
De toutes façons, ce qu'on vit sur le moment est là, il ne peut pas être changé.
Mais je suis persuadé qu'il est possible de modifier le regard que l'on porte sur les choses.

Un ami que j'aime beaucoup et qui lui aime beaucoup les "maximes philosophiques" m'en a sorti une il y a deux jours :


"Si tu ne peut pas faire ce que tu aime, alors essaie d'aimer ce que tu fais"

On les aime bien ces phrases tout faites qui renferme une sagesse universelle.
J'en entends 2000 par jour depuis que j'ai eu le malheur de créer un compte facebook.
Mais celle là, je l'aime bien.
Et en ce qui concerne le travail, elle est assez juste.
Je pense que la clé, enfin ma clé tout du moins, après vous faites ce que vous voulez avec la votre, c'est de se concentrer beaucoup plus sur le moment présent.
Et de savoir le vivre avec le plus d'attention possible.

Dans le cadre d'un boulot, c'est par exemple de se concentrer pour faire le mieux possible ce qu'on est en train de faire, plutôt que de se dire : oh bordel, quel taf pourri, il reste encore 7 heures de taf, ma vie est naze, quelqu'un d'autre est allongé à côté de Camille à l'heure qu'il est etc...
Je m'auto persuade, mais je ne crois pas trop me planter, que essayer de vivre chaque instant comme étant précieux, ne peut que aller dans le sens d'une vie qui compte.
Au travail, chez moi, avec mes amis, et avec la prochaine personne qui partagera ma vie.
Mais pas Camille.

Je sais que ça peut paraître très vague.
Je sais que ça peut paraître très difficile à faire, à pratiquer tout le temps.
Mais tendre vers ça, ça ne peut qu'être tendre vers un mieux. 

Du coup, le travail est beaucoup moins flippant tout à coup.




Une fois que ça ce sera compris et digérer, il reste plus qu'a savoir ce que j'ai envie de faire, de faire une formation et de la financer et de trouver une entreprise qui m'embauchera.

Quelqu'un me prononce "crise économique et professionnelle" dans l'oreillette, ça vous parle ?



Merci d'avoir tenu jusqu'à là. 
J'espère n'avoir pas été trop brouillon, je suis peu efficace en matière de dissertation, alors, c'est du patchwork, du décousu. 
Peut être aimeriez vous réagir, j'en serais heureux, pour apporter autre chose, un autre point de vue, une expérience, abonder dans mon sens, etc...
Merci.

12 commentaires:

  1. good post, je suis dans la meme reflexion que toi. tout à fait d accord avec toi concernant viking, super série, je ne sais pas si tu connais les séries Hannibal et Da Vinci Demons, du lourd aussi.

    RépondreSupprimer
  2. Suis dispo pour en parler un de ces midis si tu veux ! :)

    Cbinou

    RépondreSupprimer
  3. Oui, super post, mais tu as oublié de mettre le tel de Camille..
    Nico de St Malo

    RépondreSupprimer
  4. good post !

    "J'ai tellement besoin de temps pour ne rien faire, qu'il ne m'en reste plus assez pour travailler."

    RépondreSupprimer
  5. Petite phrase: " Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade"... voilà, voilà, voilà je te bise :)

    RépondreSupprimer
  6. Sebastien/Grolim20 juin 2013 à 06:45

    Antonin : quelles nouvelles ?

    RépondreSupprimer
  7. Réponses
    1. Sebastien/Grolim24 juin 2013 à 04:31

      Excuse-moi de t'avoir sorti de ton hibernation :), mais meme le soleil vient de faire une petite sortie aujourd'hui
      Sinon je m'attendais (espérais) a un peu plus de détails ....

      En regle générale, les ennuis de t'empechent pas de "proser", si ?

      Supprimer
  8. good post mais, car il y a un mais. Ton problème n'est pas dans la façon dont tu l'exposes, mais dans les choix que tu sembles avoir du mal à faire :)
    - Sécurité
    - Orgueil
    - Nouveauté
    - Confort
    - argent
    - Sympathie
    Certaines caractéristiques sont incompatibles entre elles (il y a quelques exceptions quand même).
    La différence entre tripalium et otium est aussi une question de choix.
    A ta dispo pour une thérapie :)

    PS : ce commentaire est aussi à prendre au 4ème degré, précision d'importance pour éviter de me faire lyncher par Mama :D

    RépondreSupprimer
  9. Tout ça me fait penser à une citation de ... Chépluqi (Gandi ?) : "faites ce que vous aimez, et vous ne travaillerez plus un seul jour de votre vie". Bon, après, faut que ça nourrisse son homme... Sinon on peux spamco ton blog ?

    RépondreSupprimer
  10. salut GDM pixel, qui es tu ?
    Et que veut dire spamco ?
    Bisous.

    RépondreSupprimer